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La salle du Puech de la Joie à Carmaux n’était pas de taille, jeudi soir, pour accueillir les plus de 200 personnes venues s’informer sur le projet d’implantation de trois méthaniseurs à Rosière, Monestiés et Sainte-Gemme.

Les 30 agriculteurs, associés dans "Aimer le Ségala", organisaient leur première réunion publique d’information sur un projet dans les cartons depuis 2012. Les tentatives d’implantation au Garric, à La Croix de Mille et à Moularès, n’ayant pas abouti, Bernard Ducros, agriculteur à Monestiés, principal porteur du projet avec Christophe Rieuneau, exploitant à Sainte-Gemme, ont opté pour trois unités de méthanisation sur ces trois sites.

"Les plus petites unités de France. Nous sommes des fermes familiales, nous ne voulons surtout pas devenir énormes et nous voulons vivre ensemble" a insisté Bernard Ducros face à la bronca de riverains très remontés.

Le projet  prévoit trois installations identiques sur 900 m2 au sol, avec 2 cuves de 28 m de diamètre, 8 m de haut avec dôme de7,5 m, une cuve de réception couverte, bâtiment de stockage fermé avec installation photovoltaïque et bassin d’orage au-dessus (réserve incendie).

Objectif, traiter 30 tonnes de déchets végétaux et d’élevage par jour et par méthaniseur.


"On veut faire un truc propre"

Pour cette première présentation officielle, les agriculteurs d’ "Aimer le Ségala", avaient soigné le casting. Côté préfecture, la directrice départementale de la protection des populations Lucie Vidal est venue promettre transparence et contrôle des installations.

Le sénateur Bonnecarrère était là pour rappeler les engagements de l’Europe et de la France, entre autres en matière d’énergies renouvelables (40 % d’ENR d’ici 2030).

Des précautions oratoires qui ont eu l’heur d’exaspérer un public qui aura attendu près de 2 h avant qu’on lui dise où et comment seraient les méthaniseurs. Et une heure de plus pour poser des questions.

La présentation technique de Denis Tillier, du bureau d’études Vertigo ENR, architecte de projets biogaz, se voulait complète et surtout rassurante., insistant sur le respect, pour chaque méthaniseur construit, d’un arrêté ministériel et de l’usage exclusif de déchets végétaux et d’élevage.

"On veut faire un truc propre" a martelé Jean-Louis, agriculteur à Cagnac.

"Ce n’est pas le problème, le problème, c’est l’implantation. Les méthaniseurs, on n’a rien contre, mais pas là" a rétorqué haut et fort une habitante de Monestiés, résumant l’inquiétude de beaucoup de voir leur habitation dévalorisée.


"Se mettre autour d’une table"

"On peut les déplacer, hors d’une zone vulnérable… Il faut se mettre tous autour d’une table et chercher", veut croire Patrick, membre du collectif Gaïa opposé à l’implantation d’un méthaniseur à Ste-Gemme, sur le bassin-versant concernant les réserves d’eau potable de la Roucarié et de Fontbonne.

Denis Marty, maire de Monestiés et président du syndicat des eaux, aura observé un prudent silence tandis que l’oscar de la transition diplomatique revenait à Didier Somen, président de l’intercommunalité, pour qui "Il faut mettre en place des méthaniseurs qui ne posent pas de problèmes".

Alain Astié, maire de Rosière, a fait savoir haut et fort qu’il ne mettrait pas de chemin communal à disposition des partisans du méthaniseur.

Le projet de Monesties est le plus avancé, le permis de construire devant être déposé début 2023.

Pour celui de Sante-Gemme, les études de terrain ne sont pas terminées.

Pour l’heure, aucun dossier de déclaration n’a été déposé en préfecture. "On n’est pas là pour se faire une guerre" a tenu à préciser Bernard Ducros.



Trois installations  de 15 m de hauteur


MONESTIES. Chez Bernard Ducros à la Bouysse, à moins de 5 km du réseau de gaz, à 275 m d’un cours d’eau, 1re habitation à 300 m, cuves enterrées à 1,70 m.

Trafic routier prévu (18 t), maximum 7 aller/ retour par jour par voies départementales.

ROSIERES. Chez Gabin Assié près de la voie rapide et du site de la Drire en zone boisée en contrebas, à 210 m des premières maisons, cuves enterrées à 2 m. Trafic prévu, maximum 6 aller/retour par jour sur par la route de Valdériès, l’échangeur et la route de la Drire.

STE-GEMME. Chez Christophe Rieuneau, à 500 m en contrebas du village et de son exploitation (parcelle AO753), à 70 m et 90 m des cours d’eau, 245 m des maisons du Mas. Trafic prévu 5 aller/retour par jour par la voie départementale des Farguettes. Le projet nécessiterait la création d’une zone de croisement au Pont de la Gardette.

 

article la dépèche du 4 décembre 2022 Martine Lecaudey