« La méthanisation a toujours connu des freins, que ce soit du côté administratif, des financements ou encore de l'appropriation locale.

L'AAMF travaille en collectif pour trouver des solutions à ces problèmes.

Mais aujourd'hui, les agriculteurs méthaniseurs et les porteurs de projets font face à une autre problématique qu'on ne maîtrise pas (ou peu) : la conjoncture. et notamment le prix de l'énergie (au même titre que l'ensemble des milieux professionnels) »

C'est ce qu'explique Hélène Berhault-Gaborit, animatrice au sein de l'association des agriculteurs méthaniseurs de France. Focus sur la crise que traverse actuellement la filière :


L'électricité plombe la marge

Accompagnant des projets de méthanisation au quotidien, elle ne peut que constater et lister les hausses de charges :

« Déjà, on a la hausse des investissements en lien avec la mise aux normes de l'ICPE sur 2021, et la hausse des matériaux en lien avec la crise sanitaire. Rien que ça, ça fait monter les investissements de 15 à 25 %. »

Vient ensuite l'augmentation des tarifs de l'électricité : les propositions tarifaires ont été augmentées par 20. « Difficile de donner un chiffre moyen quant à la hausse, explique l'animatrice.

Tout dépend du contrat par heure de chaque unité, ça peut aller du x 3 au x 10, voire x 20 dans le pire des cas.

À titre d'exemple, un agriculteur qui est en contrat heures pleines/heures creuses peut payer 50 €/MWh puis 1 600 €/MWh quelques heures plus tard. » Et quand le prix passe les 400 €/MWh, certains démarrent leur groupe électrogène car c'est plus rentable pour eux que d'être sur le réseau. Un comble !

« Le plus compliqué, c'est pour les mises en service en cette fin d'année car les agriculteurs qui démarrent n'ont aucun historique de consommation pour contractualiser et ils démarrent alors au prix spot très élevé. Parfois, il est plus intéressant de différer le démarrage de l'unité, plutôt que de payer un prix aussi élevé. »

Dès que la facture d'électricité est multipliée par 3, la marge des unités de méthanisation passe à 0 € !

Du côté des intrants les tarifs augmentent aussi : le cours du GNR fait augmenter les prix de récolte des cultures intermédiaires. Autre chose : avec un accroissement de l'usage des déchets (et du nombre de sites de traitement), certaines matières sont devenues payantes alors qu'elles ne l'étaient pas avant (c'était même plutôt l'inverse : les entreprises payaient pour s'en débarrasser).


Sans parler des autres charges d'exploitation en hausse (notamment l'entretien et les consommables), et le problème de disponibilité des pièces de rechange.


Des résultats économiques en berne

On ne va pas passer par quatre chemins : certains projets ne sont plus rentables. La marge est de 0, elle est même négative par endroits. « Il y a des unités de méthanisation en déficit, avec un impact sur l’exploitation ou les exploitations associées, avoue Hélène Berhault-Gaborit. Quand certains porteurs de projets diffèrent le début des travaux ou la mise en service , les unités qui tournent ne peuvent pas s'arrêter à cause des investissements en jeu. On ne peut qu'espérer que la situation s'améliore. »

 

source web-agri du 30/10/2022 article complet en suivant ce lien